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Les galeries d'exposition s'articulent autour d'un espace vert central, à ciel ouvert. Le parcours est chronologique et thématique. Il permet aux visiteurs de comprendre les vestiges (panneaux et plans de situation) et de replacer dans leur contexte les objets usuels, votifs ou funéraires.
Ce premier espace met en place les lieux et les peuplements avant la romanisation. Une carte des sites préhistoriques sur la commune de Vaison a été établie à partir de trouvailles souvent fortuites, et d'opérations de prospection.
La romanisation s’est fondée sur le respect des identités ethniques. En effet, Rome a mis en place une organisation administrative calquée sur les frontières des peuples protohistoriques. Chaque cité "civitas" possédait un chef-lieu et se subdivisait en circonscriptions territoriales "pagi" liées à des agglomérations secondaires "vici". Les deux capitales voconces sont ainsi devenues chef-lieu de cité: Vasio (Vaison) le centre politique, économique, a obtenu le statut de cité "fédérée" (cité alliée). Quant à Lucus Augusti (Luc-en-Diois), la capitale religieuse située un peu plus au nord, elle a perdu peu à peu cette fonction au profit de Die, dotée du statut colonial. Le statut de cité fédérée dont bénéficiait Vasio depuis les années 69 à 59 avant J.-C., en faisait une cité alliée et permettait de conserver les institutions préromaines: un préteur entouré d’un conseil avait sous ses ordres des magistrats placés à la tête de territoires plus petits, les pagi. Les avantages du statut de cité fédéré étaient limités puisque les Voconces n’avaient pas le droit de battre monnaie, payaient un impôt et fournissaient des jeunes gens pour deux ailes de cavalerie. Cette première salle présente les hommes qui vivaient ici avant la romanisation, puis la constitution de la ville gallo-romaine. Elle permet de comprendre le développement de la ville et de savoir comment la population voconce est passée de l'oppidum situé sur la hauteur rocheuse de la rive gauche à la vallée sur la rive droite. Le dégagement de 15 hectares de vestiges depuis le début du siècle et les observations réalisées au cours des travaux d'urbanisme, ont apporté de précieuses informations sur la ville antique. A son apogée (fin Ier – IIème siècle après J-C), elle couvrait 60 à 75 hectares. Le centre ville s'étendait sur la rive droite de l'Ouvèze, qui était endiguée dans sa traversée urbaine et bordée de constructions. Le système d'endiguement a pu être étudié en 1993 et 1996 par le Service d'Archéologie de Vaucluse, sur une longueur de 80 mètres en rive gauche. Une partie de la construction, basculée dans la rivière a permis de restituer l'élévation quasi complète de l'ouvrage (H. 5 m). La fondation reposait sur un semis de pieux et entretoises en chêne qui recevaient de grandes dalles en pierre comme on peut le voir sur la maquette présentée. L'étude dendrochronologique des pieux donnent une datation précise de l'année d'abattage des arbres - l'an 81 de notre ère. 7 pieux ont été restaurés. L'essentiel de Vasio demeure toutefois enfoui sous l'agglomération actuelle, seuls des quartiers résidentiels, commerciaux et artisanaux ont été fouillés. Quelques monuments publics complètent notre connaissance de la ville.
Tout un espace est consacré aux monuments des eaux: aqueducs, thermes publics, balnéaires. Des tuyaux en plomb qui distribuaient l'eau depuis l'aqueduc sont exposés, ainsi que des caissons à répartition d'eau ou chauffe-eau. Une vitrine présente plusieurs objets provenant des thermes (brique, lampe à huile, bille...).
Fragment après fragment, elles ont été sorties de la fosse de scène du théâtre antique, de 1909 à 1913. Généralement, ces statues étaient placées dans des niches décoratives – nécessaires pour éviter les échos trop lents - du mur de scène et rien ne laisse envisager ici un autre scénario que ceux des théâtres d'Arles et d'Orange où étaient mis en relief et centrées dans le mur, d'une part l'effigie d'Auguste, d'autre part une statue cuirassée. A partir d'éléments exhumés de la fosse creusée dans la roche de la colline, on a pu restaurer quatre très belles et impressionnantes statues en pied (de 1,84 m à 2,16 m). Il s'agit dans l'ordre chronologique de Claude, empereur de 41 à 54, de Domitien au pouvoir de 81 à 96 et du couple impérial Hadrien (empereur de 117 à 138) et Sabine. CLAUDE (hauteur 1,90 m) DOMITIEN (hauteur 1,84 m) HADRIEN (hauteur 2,16 m) L'IMPÉRATRICE SABINE (hauteur 2,06 m)
Cet espace présente les témoins des activités artisanales gallo-romaines, connues en particulier par les fouilles du quartier des Boutiques à Puymin. Une inscription mentionne le regroupement en corporations d'artisans, commerçants et travailleurs. Bourreliers et cordonniers transformaient le cuir, les tisserands, la laine, et les tabletiers l'os et la corne. Une vitrine expose des pesons utilisés pour le tissage et des objets en os. Une autre présente des outils: serpe, marteau, pioche… Les outils agricoles et artisanaux sont les témoins de la longévité et de la constance dans les formes: pinces de forgeron, fils à plomb de maçon, balance romaine et poids, lames de couteaux, serpes, pioches... Des pièces de monnaie et des amphores témoignent de la vigueur des échanges commerciaux à cette époque.
La religion gallo-romaine se caractérise par une osmose entre le fond indigène et les cultes romains voire orientaux. Dans le monde rural de Vasio, les cultes liés à la fécondité, à la terre et aux hommes étaient essentiels, comme en témoignent des inscriptions à des divinités secondaires dans le panthéon classique. Les Voconces adoraient Mercure, Sylvain ou Vulcain… Plusieurs autels sont dédiés aux déesses mères. De petits autels, dégagés dans des habitations, illustrent la pratique d'un culte domestique. L'une des œuvres les plus célèbres du musée de Vaison est une tête d'Apollon en marbre. Longtemps assimilée à une "Vénus Laurée" (marbre blanc : hauteur 0,26 m avec le cou; découverte dans la maison des Messii en 1925), cette tête d'Apollon lauré est une copie du IIe siècle après J.-C. d'un original grec de la fin du Ve siècle avant J.-C., au style classique idéalisé. L'oeuvre reprend le profil grec (nez dans le prolongement du front).
Cette partie du musée est consacrée aux pratiques funéraires: localisation des zones sépulcrales, rites de l'inhumation ou de l'incinération. Elle présente des stèles funéraires qui marquaient l'emplacement des sépultures, ainsi que des caissons à incinération et de très beaux décors de mausolée en forme de masque de théâtre. Des objets usuels retrouvés dans les tombes témoignent des pratiques funéraires: fioles à parfum, lampes à huile, miroir... Les inscriptions funéraires proviennent des zones de sépultures. Leur position toujours extérieure à la cité précise la superficie de Vasio autour de 60 à 70 hectares. Plusieurs zones de nécropoles gallo-romaines ont été repérées; les principales connues sont au quartier Pommerol, à la chapelle Saint-Quenin, en bordure d'aqueduc vers les fours à chaux, route de Malaucène et enfin sous le cimetière (quartier Roussillon). De ces espaces sont présentés quelques inscriptions honorifiques, dédicaces, sculptures d'ornement et bas-reliefs. Les quartiers fouillés de Vasio ont principalement révélé les vestiges d'habitats privés d'une partie de l'aristocratie voconce. Ce sont des constructions de grande superficie (2000 à 5000 m2). Dans le musée, il s'agissait de proposer aux visiteurs des reconstitutions partielles et des maquettes illustrant les aspects de ces demeures. Un espace est ainsi consacré à la cuisine, avec la reconstitution d'un foyer avec son four mobile (clibanus) pour le Ier siècle av. J-C. A proximité un foyer sur paillasse (Ier siècle ap. J.-C.) met en évidence l'évolution des pratiques culinaire et du confort que l'on trouvait dans ces maisons. Des vitrines présentent la vaisselle en terre cuite et en verre.
Deux maquettes de la maison au dauphin mettent en évidence l'évolution de l'habitat entre le Ier siècle avant J-C et le IIème siècle après J-C. Cette ferme (villa rustica) du 1er siècle avant J.-C., entourée de terres agricoles, a été peu à peu noyée dans une zone en voie d'urbanisation à la fin du 1er siècle après J.-C. Son architecture et son plan ont suivi l'évolution générale et diverses modifications l'ont faite passer de l'état de ferme à celui de maison de ville (domus de 2700 m²).
La galerie Sud abrite les objets de la vie quotidienne. On trouve également la plupart des pièces utilisées dans les différentes étapes d'une construction : clous, pattes de scellement, plaque de plomb à disposer sous les tuiles, serrure et clefs, caissons à eau et robinet, tuyaux en plomb. D'autres vitrines présentent des lampes à l'huile d'olive, des céramiques d'usage courant et de la vaisselle de luxe, la fameuse céramique sigillée (à pâte rouge vernissée et décorée). Le célèbre buste en argent d'un patricien romain (H. 29,5 cm - argent repoussé) a été trouvé à la Villasse en 1924, dans les ruines d'une maison fouillée systématiquement à partir de 1934. Ce buste, en ronde-bosse, comporte les épaules et le départ des bras, d'un homme d'un certain âge à la physionomie marquée: rides profondes, sourcils épais, poches sous les yeux. Il a été réalisé d'une pièce et complété par quelques incisions. Des détails comme la barbe et la moustache piquetées le datent du second quart du IIIe siècle après J.-C. Les peintures murales. Un ensemble de panneaux d'enduits peints a été reconstitué par l'équipe d'Alix Barbet, Directeur de recherche au C.N.R.S., après la fouille d'une maison gallo-romaine partiellement dégagée au nord de la cathédrale Notre-Dame de Nazareth. Après un méticuleux travail en atelier, il a été possible de commencer à replacer chaque élément, tel un puzzle: ces enduits ornaient une salle de 7,5 m sur 10,5 m d'une hauteur minimum de 4 m. Cette peinture est datée par son décor, - le IIIe style pompéien - à la fin du ler siècle après J.-C. Elle comporte :
La technique à fresque consiste à peindre sur un mur enduit de chaux fraîche. Le pigment est alors absorbé et fixé dans une pellicule de carbonate de chaux formée spontanément. A Vaison, trois couches de chaux se superposent. C'est sur la dernière que travaille le peintre. Enfin, deux très belles mosaïques à la riche polychromie occupent environ 60 m². Elles font partie du grandiose ensemble de pavement retrouvé dans la Villa du Paon, à l'est de Puymin (ensemble fouillé depuis 1966). La construction de cette villa se place entre 70 et 100 après J.-C. Elle semble abandonnée à la fin du IIIe siècle.
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