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Archéologie vaisonnaise: historique


L'intérêt des érudits Christine Bezin
Conservateur du musée archéologique
de Vaison-la-Romaine

Des siècles ont été nécessaires pour nous transmettre les écrits d’érudits sur leur curiosité historique. Le XVIe siècle a marqué cette seconde étape: les éléments antiques ne sont plus uniquement considérés en tant que matériaux de construction ou de modèle d’inspiration, mais désormais, des lettrés les collectionnent, les étudient, échangent des points de vue. On peut citer Jacques de Chevigny, qui recueille "Les antiquités du Rasteau".

La troisième étape est celle des travaux épigraphiques. Elle est entamée par Mgr. Joseph-Marie de Suarès (évêque de Vaison de 1634 à 1666). Vaison était un siège idéal pour un évêque à la réputation d’antiquaire. Suarez a trouvé sur place un petit groupe d’amateurs, chanoines et notables comme Jean Rattaler (archidiacre) ou Scipion de Blégiers, sieur de La Villasse, possesseur d’un cabinet d’antiquités. Ces hommes étaient passionnés par la découverte de l’antique capitale voconce. Ils recueillaient les vestiges et les découvertes qui affleuraient. Leur travail de collecte et de copie des inscriptions est précieux, en particulier pour les pièces qui ont, depuis, disparu. Les recueils de Suarès sont conservés à la Bibliothèque Vaticane. Dans le Vat. Lat. 9141, intitulé: "Inscriptiones supra in Gallis" extantes, les inscriptions trouvées à Vaison et dans sa région occupent les folios 3 à 91 . Elles figurent dans le "Corpus Inscriptionum Latinarum", vol. XII.

Au XVIIIe siècle, les recherches sont poursuivies et quelques mémoires sont publiés; on se contentera de citer Moreau de Vérone (1739-1779), qui échange sa correspondance sur les travaux de fouilles avec le chancelier Seguier et avec Esprit Calvet, médecin avignonnais et grand érudit. Enfin, de 1786 à 1792, l'abbé Fabre de Saint-Véran (1733-1812), homme d’église vaisonnais formé à Rome au travail de bibliothécaire, rédige un état des recherches de ses prédécesseurs. Il a laissé, en effet, un Mémoire historique sur Vaison, avec des notes sur l’état de cette ville et sur celui des Voconces dont elle était la capitale...

Les travaux du XIXe siècle

C'est au XIXe siècle que se constituent de véritables musées privés (cabinets).
Verger en restanques sur le site du Théatre Antique avant son dégagement
Des commissions pour les recherches à faire sur les monuments antiques qui existent dans le département de Vaucluse sont mises en place (1821-1823; 1837-1842; 1848-1851). Le dessinateur Chaix écrit le 14 juin 1821 qu’il y a "beaucoup de témoignages de l’antique splendeur du pays". Il fournit des détails sur l’état du pont, de l’aqueduc du Groseau, des thermes, du Théâtre, des quais et égouts, sur les inscriptions et les objets de la collection du notaire Giraudy achetée par l’administration du Musée Calvet.

La Commission de 1837 fait enlever deux mosaïques, l’une au quartier des Cordeliers, l’autre place neuve (place Montfort). Elle organise également la conservation des découvertes au musée Calvet (les objets proviennent des terrains Martel au sud du chemin d’Orange, Blanchon au quartier Maraudy). L'emplacement du théâtre (propriété du jeune Marquis de Taulignan) est fouillé à partir de 1848. Le manque de méthode aboutit à des résultats décevants. C'est un échec et le domaine de Puymin est vendu à M. Jacquet, agriculteur qui y aménage des "restanques" pour y établir des plantations. Au cours de ces aménagements, il découvre des éléments lapidaires dont une bonne réplique du Diadumène de Polyclète qu’il vend à Eugène Raspail de Gigondas. Cette statue est plus tard achetée par le British Museum de Londres.

Cette période de recherches coïncide avec le passage de Prosper Mérimée, Inspecteur des Monuments Historiques. On lui doit l’inscription de plusieurs édifices vaisonnais sur la toute première liste des Monuments Historiques en 1840 (pont romain, cathédrale et cloître, chapelle Saint-Quenin).

Durant cette période, une société archéologique est constituée (1851) par des habitants qui commencent à comprendre l’importance des ressources du sous-sol. L'abbé Joannis fait réunir une partie des découvertes lapidaires dans les galeries du cloître afin de les protéger. Cette mesure ne suffit pas à inciter les donations et la Ville n’a pas les moyens financiers d’acheter des antiquités. Nombre de collectionneurs préfèrent vendre leurs collections à des musées connus pour en retirer des bénéfices et placer ainsi les objets en sûreté.

Jusqu’en 1870 environ, l'exode des objets se poursuit: Véran Blanchon qui a repris les fouilles sur ses terres, vend sa collection en 1869 au Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye, d’autres œuvres alimentent toujours le Musée Calvet (Avignon), le Musée Guimet (Paris), le British Museum (Londres).

Au nouveau cimetière créé en 1884 sur un terrain de la Commune, sont dégagées des sépultures à incinération avec leur mobilier funéraire (Quartier Roussillon, rive gauche de l’Ouvèze). Ces objets soigneusement récupérés sont les premiers éléments de la collection communale. Ailleurs dans la ville, les travaux de voirie, les défoncements de terrains enrichissent encore la collection communale, mais, parallèlement, les ventes de collections privées se poursuivent (Clément à Vaison, Raspail à Gigondas, Roger Valentin du Cheylard à Montélimar).

Le XXe siècle
L'abbé Joseph Sautel

Le tournant spectaculaire qui va faire connaître Vaison et l’ouvrir au tourisme a lieu au début du XXe siècle, avec les recherches du jeune abbé, Joseph Sautel (1880-1955). Après s’être sérieusement documenté, il commence son exploration archéologique au pied du théâtre antique. La découverte des statues impériales et d’une partie du décor du mur de scène entre 1909 et 1911 lui permet d’obtenir des financements et réveille l’intérêt des édiles locaux. A partir de 1925, il profite également du mécénat de l’industriel alsacien Maurice Burrus.
Jules Formigé architecte en chef des Monuments Historiques
Ce dernier portait le même nom qu’un voconce de Vasio, Sextus Afranius Burrus, préfet du prétoire à Rome, précepteur de l’empereur Néron, immortalisé par Tacite (historien romain vers 55-120 ap. J.-C.) et plus tard par Racine. Avec les subventions des institutions et l’apport de Maurice Burrus, les vestiges sont dégagés plus rapidement et suivis de restauration. Celles-ci sont gérées par Jules Formigé, alors architecte en chef des Monuments Historiques.

Joseph Sautel a inlassablement fouillé et publié ses travaux sur Vaison de 1907 à sa mort en 1955. Ses dégagements sont l’essentiel des secteurs ouverts au public à l'heure actuelle.


Un premier musée

Les dégagements dirigés par l'abbé Sautel ont accru le patrimoine muséographique (découverte des statues impériales de 1909 à 1912) et orienté la commune vers l’achat du domaine de Puymin (1915).

En 1919, Paul Buffaven (Maire de 1906 à 1919), est nommé conservateur du "musée", qui se résume à une pièce au rez-de-chaussée de l'Hotel de Ville, où sont provisoirement exposées quelques statues et objets choisis. Joseph Sautel lui succède en 1923. L'année suivante, un véritable musée est aménagé dans une partie de la villa de Puymin, par la commission des monuments historiques sous la direction de Jules Formigé (l'impulsion est donnée par le legs testamentaire de 10 000 F de Paul Buffaven). Dans ce musée, Joseph Sautel procède au regroupement des objets déposés jusqu’alors dans les galeries du cloître de la cathédrale Notre-Dame de Nazareth et de ceux qui étaient à l’Hôtel de Ville, auxquels il a ajouté les trouvailles de ses campagnes de fouilles. Ce musée, qui occupait une pièce de 90 m², allait très rapidement s’avérer insuffisant.

Tête de Domitien et objets entreposés dans une salle pour leur conservation.

Hôtel de Ville au début des années 20, avant la création du musée

Musée de Puymin à la fin des années 1920

Pendant ce temps, la passion de Joseph Sautel, sa gentillesse, ses explications et sa pédagogie agissent sur la population. La société des amis de Vaison est créée dans l’intention d’organiser le musée, adhérer aux grandes sociétés touristiques, exécuter des moulages de statues et promouvoir les richesses archéologiques de Vaison. Le beau moulage du "Diadumène de Vaison", commandé pour le nouveau musée, est offert par le British Museum.

Le Buste en Argent avant restauration

1924, est l'année d'une découverte exceptionnelle: celle du Buste en Argent sur le terrain de la Villasse (propriété de Boissieu) qui devait être loti.

Et enfin, cette même année 1924, les démarches de la municipalité (Maire: Ulysse Fabre) conquise par les découvertes spectaculaires du chanoine Joseph Sautel aboutissent: le décret du Ministère de l'intérieur du 10 août autorise la commune de Vaison à prendre la dénomination de Vaison-la-Romaine. L’objectif est de se tourner vers le tourisme.

En 1927, 2000 visiteurs fréquentaient le musée; après la baisse imputable à la Guerre, l'affluence a repris, de plus en plus forte. Pour une petite commune de moins de 6 000 habitants, seul l'emplacement du musée sur le site archéologique explique cet attrait.

Ainsi que cela a été dit précédemment, la plupart des objets découverts avant l’intervention décisive de Joseph Sautel avaient rejoint des musées et des collections particulières en France et à l'étranger. Vaison était alors une petite ville sans grands moyens et aucune personnalité n’était parvenue à imposer sa passion de l’histoire avant l’arrivée de Joseph Sautel. C’est ainsi que les objets dégagés au cours de découvertes fortuites ou le plus souvent de creusements et recherches effectués en vue de ventes, ont été dispersés au gré des acheteurs. La célèbre réplique du Diadumène de Polyclète est au British Museum, les réserves du musée Calvet en Avignon et du Musée National de Saint-Germain-en-Laye possèdent d’importantes collections provenant Vaison.

La deuxième moitié du XXe siècle

Tout de suite après la disparition du chanoine Sautel, l'idée de construire un autre musée capable de présenter les collections restées sur place et en rapport avec la notoriété de Vaison, commence à germer. Un projet mis au point en 1965 par Pierre Broise, architecte en Avignon, finit par être accepté en haut lieu. A la suite des travaux de construction (1971-1973), André Dumoulin, Conservateur, fut chargé de l’organisation et de la présentation des collections. Le 23 mars 1974, le nouveau musée archéologique ouvrait ses portes au public. Le bâtiment, implanté sur le versant sud de la colline sur l’emplacement du musée précédent, proposait 574 m2 de surfaces d'exposition, soit six fois plus que le musée initial.

Le chanoine Sautel

A la mort du chanoine Sautel, Sylvain Gagnière a assuré la poursuite des fouilles. Il a mis en place le premier sondage stratigraphique de Vaison, sur la Rue des Colonnes contre la Maison au Dauphin. Puis Henri Rolland et André Dumoulin ont poursuivi sur la Rue des Colonnes et sur le terrain au nord du château de La Villasse. En 1964, A. Dumoulin procédait à une opération de sauvetage lancée sur un terrain destiné à un lotissement; il y a trouvé la Villa du Paon et ses riches mosaïques polychromes. Devant l’intérêt de la découverte, le terrain fut acheté par la Ville et le Ministère des Affaires Culturelles.

Les techniques archéologiques progressants, les fouilles ont été pratiquées sur des surfaces réduites par choix. Le temps n’était plus au dégagement de grandes surfaces mais plutôt à l’étude plus minutieuse de l’évolution d’un secteur. Ces techniques scientifiques, alliant recherches méticuleuses et en profondeur (stratigraphie), ont donné un éclairage précis sur Vasio. De 1969 à 1971, Bernard Liou et Christian Goudineau ont repris les fouilles de la Maison au Dauphin. Cette étude publiée par Ch. Goudineau en 1979 a totalement renouvelé les connaissances sur la formation de la ville antique en mettant en lumière le lent passage d’un milieu rural à un monde urbanisé.

Une autre recherche majeure a été conduite de 1973 à 1982 au nord de la cathédrale par Bernard Liou. Il y a, entre autre, dégagé les aménagements d’une maison du Haut-Empire et mis en valeur l’occupation du quartier durant l’antiquité tardive.

Il faut enfin signaler les recherches d’Yves De Kisch sur les thermes du Nord (1970-1978 et reprises ultérieurement conjointement avec Joël-Claude Meffre), sur le terrain au sud de La Villasse (1979-1981) et sur la Villa du Paon et le sanctuaire (à l'Est de Puymin). Durant cette période, les fouilles de sauvetage ont permis de faire des repérages précisant les connaissances sur le plan de la ville (rue Jules Ferry et Jean Jaurès par G. Bertucchi et A. Kauffmann, au garage Pascal en 1978 et à l’angle du Cours Taulignan et de la rue du Maquis en 1980).

Plus récemment, les différents directeurs des Antiquités de la Région ont mis l'accent sur la rédaction de publications scientifiques documentants chaque nouvelle découverte. Le Conseil Général du Département de Vaucluse a organisé un Service de l’Archéologie (direction M.E. Bellet, Ph. Borgard, puis D. Carru) principalement orienté sur l’archéologie de sauvetage (1987: fouilles Pomerol, carrefour du théâtre, extension de la cave coopérative…). Des sondages ont été réalisés au théâtre dans le cadre des travaux de restauration de l’édifice (Plan Patrimoine Antique 2005-2007). Une mosaïque connue depuis longtemps a été prélevée dans la cave Marcellin-Vassile (équipe de P. Blanc de restauration de l’IRPA d’Arles que nous remercions pour leur donation au musée archéologique).



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