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Indice: (vous pouvez cliquez sur ces liens pour vous rendre directement à l'article) 2009 - Vaison: Mécènes en archéologie 2009 - Vaison: Mécènes et mécénat: une longue histoire 2009 - Vaison: Maurice Burrus, la prospérité en héritage 2011 - Martigny: Présentation du livre: Mécènes, les bâtisseurs du patrimoine 2013 - Paris: Colloque "Mécénat en archéologie", audio
Ce livre a une histoire…. Ses premières lignes en ont été écrites en 2009 dans le Vaucluse, à Vaison-la-Romaine lors d’un colloque intitulé « Regards croisés sur le mécénat en archéologie » et la tenue d’une exposition « Mécènes à l’œuvre ». Ces deux manifestations bénéficiaient du soutien de nombreux partenaires institutionnels et privés. Elles prenaient place dans le programme des célébrations du 30ème anniversaire du jumelage entre Vaison-la-Romaine et Martigny, celui des 26ème journées européennes du patrimoine et de la commémoration en France du 50ème anniversaire de la création du Ministère de la Culture. Les pages suivantes sont le fruit des contacts noués par les organisateurs durant ces rencontres vauclusiennes. Ce dialogue fécond et chaleureux, regards croisés entre archéologues et mécènes, trouve maintenant un aboutissement avec la parution du présent ouvrage. Mais, plus qu’une fin, il marque une étape en témoignant de manière significative de la richesse des échanges réalisés. Cette voie nouvelle, ouverte avec enthousiasme, doit notamment servir maintenant d’assises à la mise en œuvre de projets scientifiques et culturels transfrontaliers. Le colloque de Vaison-la-Romaine fut aussi l’occasion de présenter la découverte, dans les archives de la famille Burrus, d’un manuscrit inédit de Monsieur Maurice Burrus qui comporte des informations précieuses sur ses travaux de recherches et de restauration en France et en Suisse. Qu’est-ce que le mécénat en archéologie? C’est à cette interrogation que les chercheurs français et suisses qui collaborent à cet ouvrage tentent d’apporter des éléments de réponses. Les textes rassemblés ici offrent également la possibilité pour le lecteur de mieux comprendre la place importante que peut avoir le mécénat en archéologie. En donnant une épaisseur historique à ce regard, l’ouvrage fournit aussi pour tout à chacun l’opportunité d’emprunter le chemin tracé par ce chevalier romain du nom de Mécène, Caius Cilinius Maecenas (69-8 avant J.-C.), ami de l’empereur Auguste, protecteur des artistes de son temps (Virgile, Horace...).
Un rapide tour d’horizon permet de rendre compte de la longue et riche histoire du «mécénat» au cours de l’histoire dans l’espace européen. Cette histoire prend sa source dans l’antiquité gréco-romaine, suivant des modalités, des formes d’interventions et des motivations diverses et souvent complexes. La pratique de «l’évergétisme» dans le monde antique peut être rapproché, quoiqu’avec beaucoup de prudence, de l’acte de «mécénat» (au sens moderne de ce terme tel qu’il apparaîtra au XVIème siècle).
EVERGETES ET MECENES DANS L'ANTIQUITE: TROIS ILLUSTRES NOMS Rome : un mécène éponyme : Caius Cilnius Maecenas, (vers 70 av. J-C. à 8 av. J–C.) Le mot de mécène est la francisation du nom propre latin, apparu au XVIème siècle, de Caius Cilnius Maecenas. Ses goûts littéraires très raffinés, il les doit à une excellente éducation. Il fut un homme politique romain qui jouit en son temps d’un prestige considérable ; il fut un proche conseiller d’Octave, le futur empereur Auguste, et consacra beaucoup de ses biens et de son influence à promouvoir arts et lettres. Virgile, Properce, lui ont rendu un fervent hommage. Mais c’est Horace, à qui il fut très lié à partir de 39 av. J.-C., l’a loué dans ses Odes (Livre 01, Ode I) : Mécène, issu de rois pour ancêtres, Il fut intimement mêlé au pouvoir politique et aux intrigues princières de son temps. Il joua un rôle diplomatique de premier ordre, notamment pour mettre fin aux guerres civiles et à la lutte entre Marc-Antoine et Octave. Sa fortune lui vint autant de son rang et de sa position sociale que des origines équestres de sa descendance. Maecenas mourut en 8 av. J.-C. L’empereur Auguste resta l’héritier de sa fortune. Grèce : Hérode Atticus (101 - 176 après J.-C.), le milliardaire. Cet illustre personnage, qui est né sous le règne de Trajan, nous est connu par les auteurs antiques Philostrate (Vie des Sophistes, Livre II), Aulu-Gelle (Les Nuits attiques) et Fronton (Correspondance). Il jouissait de la citoyenneté romaine depuis l’époque julio-claudienne. Né en Grèce, à Marathon, il fût un rhéteur grec immensément riche, qui se distingua par ses dons publics et ses prodigalités. Sa famille athénienne était déjà très fortunée. Son grand-père était déjà réputé comme un très riche banquier. Il obtint diverses charges publiques, dont celle, sous le règne d’Hadrien, d’archonte éponyme. Lors de sa seconde visite à Athènes, l’empereur philhellène lui attribua un rang sénatorial ; il figura alors officiellement parmi ses amis. Vers 131, débute son cursus honorum romain : il assume la charge de questeur de l’empereur, puis il devint préteur. En même temps, Hérode se fait connaître comme orateur et professeur de rhétorique. Marc-Aurèle est compté parmi ses élèves. Il est nommé en 135 inspecteur des finances impériales des cités libres d’Asie mineure. Il aide alors à la construction de l’aqueduc d’Alexandrie de Troade. En 139, Hérode préside la commission des Grandes Panathénées. Il fait rénover le stade panhellénique en marbre blanc. En 143, il reçoit la charge de Consul ordinaire de Marc-Aurèle. En 147, il décide la reconstruction du stade des jeux Pythiques de Delphes. Très réputé comme orateur, en 153, lors des jeux olympiques de 153, ses discours le font acclamer comme un second Démosthène. Il assure aussi le financement d’un aqueduc qui relie l’Alphée à Olympie, agrémenté d’un nymphée. Vers la fin de vie, qui fut tourmentée par la perte des membres de sa famille et l’assassinat de sa femme Appia Annia Regilla, il fit édifier en son honneur un odéon adossé à l’Acropole d’Athènes ; celui-ci porte son nom encore aujourd’hui ; on lui doit aussi le Triopion (sanctuaire à Déméter), à Rome, le long de la Via Appia, et la fontaine Pirène à Corinthe, toujours en souvenir de sa femme. Il meurt de la tuberculose en 177. Gaule : Caius Sappius Flavus, à Vaison-la-Romaine (2ème moitié du Ier s. de notre ère) : exemple exceptionnel d’évergétisme financier.
On ne rencontre en Italie que peu de témoignages de dons égaux ou supérieurs à celui de Sappius : on citera, par exemple, plus de 2 millions de sesterces à Ostie pour les thermes de Neptune (don impérial) ; 1'726 000 sesterces pour la restauration d’un tronçon de la Via Appia (paiement impérial). En Gaule, un seul autre legs d’importance est à signaler : celui d’un anonyme nîmois, qui lègue 2 millions de sesterces. Extrait du livre : Mécènes, les bâtisseurs du patrimoine, Editions Chaman - 2011
Durant l’Antiquité, le mécénat était l’affaire de personnages fortunés inspirés par le célèbre chevalier romain du nom de Mécène, protecteur des arts et des lettres. L’antique Vasio (aujourd’hui Vaison-la-Romaine en Provence) en offre un intéressant témoignage avec le legs financier de Caius Sappius Flavius, affecté à l’embellissement du portique des thermes de la ville. Bien des siècles plus tard, et à l’exemple de ses illustres prédécesseurs, cette tradition de mécénat a été poursuivie par un riche industriel alsacien, Maurice Burrus qui, à partir des années 1920, a investi plus de 40 millions de francs de l’époque dans la mise au jour et la restauration des vestiges de l’opulente Vasio, célébrée par les textes antiques. Ces libéralités du mécène alsacien ont été saluées tant par la municipalité de Vaison, que par la population, acquises à la cause du développement de leur cité sur les plans touristique et culturel. Bien avant l’arrivée de Maurice Burrus, Vaison s’était déjà fait connaître sur le plan archéologique grâce aux spectaculaires travaux de l’archéologue Joseph Sautel. En 1907 en effet, celui-ci avait entrepris le dégagement du théâtre antique. Auparavant, Vaison avait attiré des collectionneurs du XIXe siècle et avait alimenté le marché des antiquités pour les plus grands musées du monde. Les trouvailles de Joseph Sautel ont ainsi promu Vaison, petite bourgade du Nord-Vaucluse, au rang des villes archéologiques de Provence tels que Orange, Fréjus, Arles, Saint-Rémy, etc. Le contexte était très favorable à l’intervention de Maurice Burrus, non seulement en raison des récentes découvertes, mais surtout grâce à l’acquisition par la municipalité en 1915 de la colline de Puymin, située au cœur de la ville antique, d’où, depuis longtemps, on exhumait des vestiges antiques. De 1925 à 1945, malgré les tracasseries administratives et le désordre politique, notre mécène archéologue, conducteur des fouilles, talentueux commentateur de ses propres découvertes, s’est consacré avec énergie et passion au dégagement de plusieurs hectares de terrain. C’est une partie importante de la ville antique qui a pu ainsi ressurgir : spacieuses maisons urbaines, thermes publics, portiques… Grâce à Maurice Burrus, le théâtre antique a été complètement restauré et aménagé, les vestiges dégagés ont été consolidés, restaurés et valorisés : des aménagements de jardins ont embelli les lieux ouverts au public. Le visiteur peut ainsi appréhender aujourd’hui un certain état des ruines antiques qui est le résultat d’une conception de la restauration des monuments propre aux années 1930. On se pose la question : que serait maintenant cette ville de Provence sans le mécénat qui se développa même en pleine Seconde Guerre mondiale ? Outre les restaurations, l’apport de Maurice Burrus est immense : donations de terrains et d’une maison à la ville, importantes subventions pour la conduite des fouilles… Il a permis de doter la ville d’un riche patrimoine, déployé sur les 9 hectares de vestiges archéologiques. Des milliers de visiteurs y sont accueillis chaque année et le théâtre antique affiche une brillante programmation artistique. Vaison prospère entre l’héritage laissé par le mécène alsacien et les aménagements ultérieurs, comprenant notamment la construction du nouveau musée en 1998. Ce patrimoine contribue à la renommée de la ville, et Léonard Gianadda lui-même s’en est inspiré au cours des années 1970 pour créer le parcours archéologique de Martigny. XIXe siècle : dispersion des richesses archéologiques Vaison, qui ne s’appelait pas encore la Romaine, aurait pourtant mérité ce nom dès le XIXe siècle. À cette époque en effet, celle-ci était déjà bien connue des marchands, collectionneurs et amateurs d’antiquités de l’Europe entière. Depuis des siècles, les paysans extrayaient de leur sol de nombreux vestiges antiques. Les plus humbles étaient vendus le mardi, jour de marché, aux côtés des fruits et légumes, les plus prestigieux se négociaient auprès de collectionneurs. Dans l’imaginaire des habitants de Vaison, cette richesse du passé était perçue comme un don du ciel et des ancêtres. Il n’était pas rare que des objets, tels que des haches préhistoriques soient considérés comme des pierres sacrées, transmises de génération en génération Au XIXe siècle, l’intérêt grandissant pour l’archéologie modifia le statut de l’objet antique. L’archéologie fut un instrument au service du nationalisme, notamment à travers la nouvelle conception de l’histoire de France voulue par Napoléon III. Telle est notamment la raison du musée des Antiquités de Saint-Germain-en-Laye où furent réunies des collections représentatives de la Préhistoire au Moyen-Age. Des centaines d’objets trouvés dans la capitale des Voconces et ramenés lors de commissions officielles porteront le dessein de cette nouvelle approche historique. Par ailleurs, les vitrines du musée Calvet d’Avignon, s’enrichirent d’une multitude d’autres trésors provenant de Vaison. Un très bel encrier en bronze noir doré intégra, lui, les vitrines du Louvre. Des collectionneurs locaux et nationaux s’entichèrent des antiquités découvertes à Vaison, tels qu’Ambroise Comarmond (1786-1857) qui fut une grande figure de l’archéologie lyonnaise. Nommé conservateur de la Bibliothèque du Palais des Arts, puis conservateur du musée des Beaux-Arts de la ville de Lyon, il constitua une collection privée de plusieurs milliers d’objets archéologiques, dont une grande partie venait de la vallée du Rhône ; parmi eux, on retrouve notamment de la verrerie antique de Vaison. Peu avant sa mort, il vendit sa collection au British Museum, faute d’avoir trouvé un accord avec la ville de Lyon. Cette verrerie n’a été identifiée que très récemment dans le cadre de la présentation du musée Virtuel de Vaison, site que vous consultez en ce moment. Un autre grand collectionneur, Antoine Vivenel, ayant fait fortune dans la construction, à Paris, utilisa une partie de ses richesses pour rassembler une collection de plus de 4'000 objets d’art allant de l’Antiquité à l’époque contemporaine, dont certains originaires de Vaison. Cette collection fut offerte par Antoine Vivenel à la ville de Compiègne. L’objet archéologique sert ici l’intention du collectionneur mécène devenu philanthrope, en soulignant le rôle pédagogique de l’œuvre d’art auprès du grand public. C’est la même voie philanthropique que suivit Esprit Calvet créateur de la Fondation Calvet, institution âgée de deux siècles. Située en Avignon, elle est le fruit de la volonté de cet homme érudit. Il légua la totalité de ses biens et collections à l'institution qui plus tard allait porter son nom et qui s’est enrichie tout au long du XIXe siècle, d’un grand nombre de pièces vaisonnaises. D’où provenaient ces objets ? De l’un des plus grands gisements de la ville : les nécropoles, renommées pour la richesse de leur mobilier, et qui étaient une aubaine, tant pour les pillards que pour les amateurs d’antiquités. Elles invitent à explorer un monde mystérieux, le passage de la vie à la mort, siège de rituels matérialisés par de nombreux objets que le défunt emportait vers l’au-delà. Situées le long de la voie antique, les nécropoles excitaient les convoitises. Tout au long du XIXe siècle, on a fouillé, sondé, exploré le sol à coups de pioche, à la recherche d’offrandes déposées aux côtés des défunts : récipients en verre, en terre cuite, lampes, instruments, outils de la vie quotidienne en os, ivoire, métaux divers, masques tragiques en pierre, inscriptions, etc. Les plus précieux de ces objets, comme cet encrier déposé au musée du Louvre, ou la célèbre réplique du Diadumène de Polyclète exposée au British Museum, ont contribué à la renommée de Vaison. Entrepris récemment par l’association d’archéologie Belisama, le recensement des objets dispersés dans une vingtaine de musées, en France, en Suisse et à l’étranger, a révélé l’existence de plus de 1'500 pièces. On a retrouvé de nombreuses inscriptions saluant de hautes personnalités natives de Vasio, comme le précepteur de Néron, Sextus Afranius Burrus (dont on verra le rôle plus tard). Pourtant, cette reconnaissance des richesses de l’antique cité de la période du Haut Empire, n’a pas permis à Vaison de garder sur son sol la majeure partie de ses biens. Le projet d’un musée, plusieurs fois envisagé par les édiles locaux, n’a jamais été concrétisé. Seul le musée Calvet d’Avignon a conservé la mémoire de son patrimoine antique. Il a fallu attendre le début du XXe siècle avec la venue de Joseph Sautel et l’intérêt des maires successifs, pour assister à l’émergence d’une véritable politique de valorisation, préparant ainsi un terrain favorable à l’arrivée du mécène Maurice Burrus. Joseph Sautel, initiateur des premières fouilles archéologiques Conscients que leur patrimoine archéologique avait été grandement spolié au cours du siècle précédent, les vaisonnais accueillirent on sans enthousiasme le jeune prêtre Joseph Sautel. Son implication personnelle dans l’archéologie de la ville à l’aube du XXe siècle allait-elle avoir quelque fonction réparatrice ? Il manquait, à ce qui aurait pu être un Eldorado archéologique, la découverte d’un monument prestigieux. Vaison était connue de tous pour son pont romain et ses nombreux vestiges médiévaux, mais dans la mémoire collective demeurait le souvenir d’un théâtre antique. Sa mise au jour viendrait compléter le bel inventaire des richesses de la ville. Vainement cherchée au XIXe siècle, sa présence était supposée sur la colline de Puymin, en bordure de la ville. Celle-ci appartenait à un fermier qui ramenait de son champ des fragments de statues, des éléments de colonnes et bien d’autres vestiges. Un jour, il n’hésita pas à faire usage de dynamite pour étendre ses plantations de vignes et d’oliviers sur un secteur de la colline particulièrement empierré. Ses cultures en terrasses prirent appui sur de grandes pierres taillées. C’est en inspectant les lieux, que le jeune archéologue découvrit les restes d’une vaste construction et décida d’y commencer des fouilles.
Encouragé par ce succès, Joseph Sautel demanda et obtint des fonds publics lui permettant de poursuivre ses fouilles. Il concentra ses efforts dans la partie correspondant à l’orchestra du théâtre et à ses fosses. Dans ses dernières, un beau jour de 1912, les fouilleurs y découvrirent un nid de statues impériales qui ornaient jadis le mur de scène. Véritable coup de théâtre! Les effigies de pierre du couple impérial Hadrien et Sabine, des empereurs Claude et Domitien resplendirent dans les annales de l’archéologie française. Cette fois, le nom de Vaison s’inscrivait à l’avant-plan des sites archéologiques de Provence. Devant l’ampleur des découvertes, les édiles locaux, qui avaient noué des liens avec Joseph Sautel, envisagèrent la création d’un musée municipal pour mettre en valeur les pièces exhumées. Il fallait faire vite: des milliardaires américains s’étaient déjà prononcés pour l’acquisition de ces statues impériales. Le danger de la dispersion des vestiges de l’antique Vasio planait à nouveau… Fièvre de romanité à Vaison
Une révolution culturelle était en marche. La poursuite des fouilles qui mirent au jour tant d’autres richesses continuèrent d’alimenter l’intérêt des élites de la cité et de la population pour la romanité. Apportant son soutien, l’Architecte en chef des Monuments historiques, Jules Formigé, joua quelques années plus tard, nous le verrons plus loin, un rôle-clé dans l’histoire de la ville. En 1919, les instances municipales décidèrent d’ouvrir un vrai musée, non plus en mairie, mais dans une des anciennes fermes de la colline de Puymin. Le nouveau musée était prêt à accueillir des centaines de pièces. En décembre 1920, en couronnement de son œuvre, le maire, Paul Buffaven, fut nommé conservateur. Il était l’archétype de ces républicains ayant pour ambition d’apporter aux populations la connaissance des arts, à l’instar de la volonté des collectionneurs philanthropes du XIXe siècle. La fièvre de la romanité qui s’était emparée de la ville connut son apogée en 1924, avec la décision du Conseil d’État d’accorder à Vaison le droit d’être qualifiée de La Romaine, après son classement comme « Station touristique» en 1920. Peu avant l’arrivée de Maurice Burrus, Vaison, devenue la Romaine, présentait les conditions propices à un mécénat digne de ce nom. Le nouveau maire, Ulysse Fabre, tout aussi désireux que son prédécesseur de développer sa ville sur le socle de la romanité, avait symboliquement renommé certaines rues : rue Burrus, (en hommage au précepteur de Néron, natif de Vasio), rue Hadrien, rue Tibère, etc. Il avait également favorisé la tenue de spectacles au théâtre antique en installant des gradins de bois par-dessus les gradins antiques qui avaient subi l’usure du temps et l’injure des hommes. Une vie culturelle s’installait durablement, attirant poètes, folkloristes, troupes de la Comédie Française et du théâtre de l’Odéon… Les Vaisonnais ont vécu, en même temps que l’édification d’un patrimoine antique remarquable, la naissance d’activités artistiques durables. Fort du succès de la découverte du théâtre, Joseph Sautel effectua de nouveaux sondages sur le versant sud de Puymin. Il dégagea une grande bâtisse dite la Maison des Messei, qui livra une très belle tête en marbre, l’Apollon Lauré, conservée aujourd’hui au musée de la ville. D’autres sondages permirent d’exhumer des pièces remarquables, tel le buste en argent d’un patricien gallo-romain. Cette effervescence archéologique a fait la notoriété de Vaison. Des articles scientifiques et des publications grand public ont régulièrement rendu compte, non seulement des découvertes du chanoine archéologue, mais aussi des nouvelles possibilités touristiques et culturelles de la ville, récemment inscrite sur les circuits de découvertes de la basse vallée du Rhône L’acte I de l’histoire de Vaison s’est donc joué à la faveur de son engouement pour la romanité. Les motivations des élus étaient clairement exprimées : faire du petit bourg agricole, une Pompéi française, avec mission conférée à l’archéologie de former le plus grand nombre à la culture en ouvrant musée, théâtre et programmes pédagogiques. Un mécène passionné Le décor était planté pour l’acte II du destin de Vaison-la-Romaine. En prologue, il y eut la rencontre, au cours d’une partie de chasse en Alsace, fin 1924, entre un riche industriel du tabac, Maurice Burrus, et Jules Formigé, Architecte en chef des Monuments Historiques. Lors de leur entretien, Maurice Burrus afficha son enthousiasme pour l’archéologie et fit preuve d’une grande connaissance de l’art antique. L’industriel alsacien était à la recherche d’un site sur lequel il pourrait se consacrer à l’archéologie et assouvir sa passion pour l’Antiquité, née en 1904, et qu’il avait développée lors de ses voyages au Mexique puis en Europe et dans le Bassin méditerranéen. Les fabuleux vestiges antiques d’Italie, de Grèce, d’Asie Mineure, d’Afrique du Nord n’avaient plus de secrets pour lui. Il les avait tous examinés dans les moindres détails et s’était entretenu avec spécialistes et érudits du monde entier. Familier de tous les grands musées du monde, il était prêt à se lancer dans une aventure digne de Heinrich Schliemann, fameux découvreur de la ville de Troie. Il avait beaucoup lu, et sa connaissance des mœurs et coutumes des sociétés de l’Antiquité était immense. Sa propriété de Hombourg en Alsace recélait une documentation d’une valeur inestimable, aujourd’hui disparue, suite au pillage des armées durant la Seconde Guerre mondiale Il possédait des livres anciens et rares et avait constitué une collection de cartes postales ramenées de ses grands voyages initiatiques. Il les avait soigneusement réunies dans une dizaine d’albums (préservés par la famille Burrus). Maurice Burrus était un collectionneur. Non d’antiquités, mais de timbres (il possédait une des plus grandes collections de timbres au monde), de meubles anciens et de livres. On peut s’étonner que son intérêt pour l’archéologie ne l’ait pas incité à ramener de ses voyages nombre d’antiquités. Il préférait admirer les choses sur leur site d’origine: “Il me semblait contre-indiqué de bouleverser des terres dans le seul but de rechercher quelques objets destinés à aller s’aligner sans vie dans la poussière d’un minuscule musée, encombré et souvent mal entretenu. Au cours de mes nombreux voyages, j’ai toujours déploré de ne pas revoir à leur place des objets enlevés pour les collectionneurs et les musées.” (Mémoires). Il n’avait pas manqué de suivre le déroulement des découvertes archéologiques de Vaison. Lors de sa rencontre avec Jules Formigé, celui-ci lui apporta des renseignements complémentaires sur les sites archéologiques du sud de la France et l’invita à les visiter en sa compagnie. Il fut ébloui par la splendeur des sites qu’il pu contempler au cours de ce voyage au printemps de 1925: le Trophée de La Turbie près de Nice, Fréjus, Arles, Saint-Rémy-de-Provence, Orange. Mais aucun ne présentait de possibilités d’ouverture de nouveaux chantiers susceptibles de retenir un mécène potentiel. Seule la petite ville de Vaison, nichée entre la vallée du Rhône et le Mont Ventoux, correspondait à ses intérêts de découvreur. De plus, comme un signe du destin, une inscription, trouvée dans cette ville, mentionnait un homonyme célèbre, le chevalier romain Sextus Afranius Burrus, précepteur de Néron et patron de l’antique cité de Vasio. Maurice Burrus déclara au maire, Ulysse Fabre, qu’il désirait se consacrer à des fouilles sur les terrains municipaux s’étageant sur les pentes de la colline de Puymin. Sa configuration comparable à celles d’autres villes antiques paraissait laissait bien augurer "d’un riche potentiel archéologique". Appuyé par Jules Formigé, il parvint à convaincre Ulysse Fabre du bien-fondé de ses demandes, et le rêve du mécène devint réalité: conduire des fouilles en Provence, sur un site prometteur. En 1925, il apposait pour la première fois, sa signature à l’encre violette sur le livre d’or du musée archéologique de Vaison-la-Romaine. L’implication du mécène Burrus illumine après les découvertes de J. Sautel, l’histoire de l’archéologie de Vaison. Cependant, la disparition d’une grande partie de ses archives personnelles empêche de connaître ses motivations profondes. Toutefois, depuis 2009, l’histoire de l’industriel alsacien s’est enrichie d’un document exceptionnel: ses "Mémoires à Vaison-la-Romaine", document inédit daté de 1943, et conservé en Suisse au sein de la famille Burrus. L’histoire avait retenu l’image d’un homme original et généreux, prêt à consacrer une partie de sa fortune pour financer les fouilles et la reconstruction du théâtre antique, monument emblématique de Vaison. Ces mémoires, destinés à être publié, couvrent la période de 1924 à 1943. Sa lecture permet de mieux appréhender le niveau de son engagement à Vaison et de reconsidérer la place qu’il occupait dans le paysage historique de l’entre-deux-guerres, et au-delà. La récente découverte de sa correspondance rédigée de Vaison jusqu’en 1945, vient compléter ce vaste panorama documentaire. La maîtrise des chantiers La connaissance des grands sites archéologiques avait permis à Maurice Burrus de se forger la conviction qu’il fallait rendre vie à ces vestiges dispersés en réalisant de complètes restaurations et aménagements, afin de rendre les sites lisibles. C’est bien un rôle d’aménageur que Burrus voulait jouer, et il n’économisait pas ses efforts pour chercher, aussi bien en France qu’à l’étranger, un chantier qui lui permette de mettre en œuvre sa conception de l’archéologie. Cela explique ses propositions et ses projets de fouilles tant en Alsace et en Suisse, ou dans le sud de la France. Déjà, avant Vaison, dans la forêt de Saoû (Drôme), il ouvrit le chantier d’une construction hors norme: la réplique du petit Trianon de Versailles, aménagée en auberge de luxe. Au début des années 1930, la construction de l’immeuble de la société Est-Capitalisation (entreprise familiale) à Strasbourg lui avait fourni l’occasion de réaliser un projet architectural de grande envergure au cœur de la ville. C’est en 1925 à Vaison qu’il a trouvé les meilleures conditions pour appliquer ses théories propres à l’archéologie: «C’est pour ressusciter un ensemble ancien, et aussi vivant que possible, que je suis venu à Vaison, une opération de ce genre m’ayant paru irréalisable dans les diverses cités que j’avais visitées au cours de mon voyage de prospection….» (Mémoires). Mais le mécène alsacien ne se contenta pas de payer les factures. Après quelques désaccords avec l’administration sur le choix des endroits à fouiller et la gestion financière, il conduisit lui-même les fouilles à partir de 1928 et géra ses fonds qui ne transitèrent plus par le ministère des Finances. Il apparaît donc bien comme un entrepreneur avisé, organisant ses chantiers de Puymin et de la Villasse, devenus les “fouilles Burrus”: “Durant toutes les années suivantes, je revins à Vaison à peu près toutes les six semaines, faisant, autant que possible, coïncider mes voyages avec ceux de Monsieur Formigé. Mes courts passages me permettaient de me rendre compte des travaux effectués, de discuter les questions concernant l’aménagement et la conservation des constructions retrouvées, et de tracer un programme pour les semaines suivantes.” (Mémoires). Aux côtés de Joseph Sautel (devenu entre-temps historien et conservateur du musée) et de l’Architecte en chef Jules Formigé, il décide du choix des restaurations. Les relations entre ces trois hommes ont parfois connu certaines tensions. Le film des événements des fouilles archéologiques qui s’est déroulé de 1927 à 1943 pourrait se résumer comme suit:
Toutes ces opérations, en plus des différents cimentages, reprises et restaurations, furent effectuées dans le but de faciliter la compréhension par les touristes de l’ensemble des ruines. Maurice Burrus nous a livré à ce propos enfin une ultime réflexion: “Doit-on voir dans ce nettoyage général une preuve de mauvais goût ? Non – mais il faut obéir à des nécessités, dont la première est de conserver pour les générations futures le patrimoine artistique et historique de notre pays, et faciliter l’éducation du peuple en le lui faisant connaître, comprendre et apprécier" (Mémoires). La conception des fouilles et du théâtre Maurice Burrus s’était fait une certaine idée de la restitution des ruines qu’il avait découvertes. Ayant l’habitude des plans, il reconstituait les maisons et la fonction de chaque pièce en les recréant. Il expliquait les avantages de son approche car il n’imaginait pas le bâtiment de façon isolée: il fallait l’insérer dans son environnement, dans son cadre par rapport à sa situation géographique, ou à son exposition au soleil.
Le mécène avait une vision claire de la physionomie et de la fonction de la ville antique, fouillée et restaurée. C’était un philanthrope dans la tradition du XIXe siècle, en ce sens qu’il souhaitait mettre son rêve, une fois devenu réalité, à la disposition du public: “Mon point de vue, en ordonnant, après avoir pris l’avis favorable de Messieurs Formigé et Sautel, certaines adjonctions, a été que l’archéologie ne doit pas être une science pure, et doit s’adresser, non pas exclusivement à quelques savants ou à ceux qui croient l’être, mais aussi et surtout au grand public.” (Mémoires). Il concevait toujours ses réalisations dans la durée en imaginant des scénarios sur le long terme. Avec le recul du temps, on appréhende mieux le projet d’ensemble de Maurice Burrus visant à animer les sites archéologiques; on comprend aussi sa volonté de reconstruire le théâtre antique pour doter la ville d’un outil culturel et d’animation prestigieux. En ont témoigné son soutien aux Fêtes d’art de la Société des amis du Théâtre antique, (rencontre organisée à Vaison en 1939 avec des spécialistes), et les échanges de correspondances avec d’autres sociétés d’archéologie soucieuses de suivre l’exemple vaisonnais… Si le nom du mécène alsacien reste ainsi attaché aux vastes dégagements des sites, il est aussi associé au plus grand chantier que la ville ait connu : la restauration du théâtre antique. Son exhumation avait laissé voir les dommages qui le rendaient impropre à accueillir les 6'000 visiteurs qu’il comptait jadis. Des tentatives eurent lieu pour mettre en place des gradins en bois. Mais cela n’a pas suffi à garantir la pérennité de son utilisation. Or, une riche programmation théâtrale rendait plus que nécessaire la rentabilisation des spectacles par la mise à disposition de nouveaux gradins. Maurice Burrus s’est préoccupé de l’état du théâtre: “Je me mis donc à l’œuvre pour refaire, avec les mêmes matériaux, ce qui avait disparu, dans la mesure où les indications demeurées en place nous permettaient une reconstitution rigoureusement exacte de l’antique.” (Mémoires). Ainsi, il a rouvert les carrières d’un village proche de Vaison, afin d’en extraire les pierres qui avaient servi antérieurement à l’édification du théâtre. Le chantier a démarré et la “victoire des gradins”, comme l’appelaient les sociétés artistiques, était en marche. De 1930 à 1934, les étages des nouveaux gradins montaient dans l’hémicycle. Une métamorphose de taille, complétée par une belle volée de colonnes. “Actuellement, avec les quelque deux kilomètres de gradins que j’ai fait rétablir, il est d’environ 4'000 places assises, ce qui n’a pas empêché, lors des représentations de 1942 et 1943, plus de 6'000 personnes d’y prendre place ; mais alors chacun n’avait guère à sa disposition que 35 centimètres en moyenne, et il y avait du monde sur les escaliers, sur les côtés de la scène, sur la galerie du haut, et jusque sur les murs de la porte supérieure.” (Mémoires). Le théâtre fut inauguré en 1932 par Edouard Daladier, alors ministre de la Guerre. À cette occasion, Maurice Burrus fut déclaré citoyen d’honneur de la ville de Vaison, à l’image de son illustre homonyme, Afranius Burrus, patron de l’antique Vasio, et au cours d’une grande cérémonie, il fut loué comme il se doit par des poètes et des musiciens provençaux. Suite au succès de cette colossale entreprise, Maurice Burrus a été régulièrement sollicité, notamment à Avenches en Suisse, où il a contribué à la restauration d’une partie des gradins. “Aucun théâtre ne possède comme Vaison une partie de sa colonnade supérieure. Cependant, les fouilles que je fais exécuter à Avenches, en Suisse, nous ont permis de retrouver plusieurs colonnes provenant de la galerie de l’amphithéâtre.” (Mémoires). Les Mémoires de Maurice Burrus, couvrant la période de 1924 à 1943 (et destiné à être publié si la guerre ne l’avait empêché), nous livre une plus complète documentation en lien avec les Archives Communales, pour éclairer la nature de ce mécénat, notamment l’organisation des chantiers, au terme duquel la ville a pu prétendre au titre de Pompéi Française. Après 1943 ? Maurice Burrus est resté à Vaison au moins jusqu’en mai 1945, si l’on en croit ses nombreux courriers, et notamment le dernier procès-verbal du Conseil d’administration de sa société d’Assurances Est-Capitalisation, qu’il avait domicilié à Vaison. Sans nul doute il a poursuivi, malgré les difficultés de l’époque, les chantiers de fouilles ou du moins leur entretien. Il a aussi continué à exercer son mécénat jusque dans les années 1950 en Suisse à Avenches. Ainsi, de 1925 à 1955, Maurice Burrus entrepreneur, aménageur, archéologue, a engagé sa fortune de Vaison-la-Romaine à Avenches, au service d’une vision globale pouvant s’associer aujourd’hui à un véritable projet de développement local. Une lettre de Maurice Burrus datée de 1945 dresse ainsi le bilan de son implication financière à Vaison durant 20 ans. Le montant total des libéralités s’élèverait à 85 millions d’anciens francs, soit plus de 2 millions d’euros. Cinquante ans après sa disparition, et malgré des décennies d’oubli, le mécène alsacien continue toujours d’alimenter l’histoire de l’archéologie, au fil de la découverte de nouvelles archives… Du même auteur: - Turrel Philippe, "Un siècle de chocolat (1912-2012), de Burrus à Schaal, un destin alsacien". Éditions du Musée, 2012 - Turrel Philippe, "De l'Esca-Prévoyance au groupe Burrus - 1923-2012 - L'assurance d'une compagnie alsacienne" , Éditions du Musée, 2012. - "Vaison antique, découvertes archéologiques récentes", coordination éditoriale Xavier Delestre et David Lavergne. Article de Philippe Turrel, page 25-28, aux origines de la protection archéologique: l'exemple du théâtre. Éditions Errance. 2012. - "Mécènes, les bâtisseurs du patrimoine", ouvrage collectif coordination éditoriale Philippe Turrel, Éditions Chaman et Fondation Gianadda. 2011 - Turrel Philippe "La Saga des Burrus, Du précepteur de Néron au mécène de Vaison la Romaine*, Dolfin Édition 2003.
Le premier livre sur le mécénat en archéologie vient de paraître. Intitulé "Mécènes, les Bâtisseurs du patrimoine" publié par la Fondation Pierre Gianadda et les Editions Chaman de Neuchâtel , il constitue la version élargie d'un colloque, "Regards croisés sur le mécénat en archéologie" et la tenue d'une exposition Mécènes à l'oeuvre organisés en 2009 à Vaison-la-Romaine en lien avec de nombreux partenaires publics et privés franco-suisse. Ces manifestations s'inscrivaient dans le 30e anniversaire du jumelage entre les villes de Martigny et de Vaison-la-Romaine. Ce livre souligne l'importance du mécénat en archéologie en présentant les actions de Maurice Burrus, le mécène de Vaison-la-Romaine, et de Léonard Gianadda, créateur de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. Figures atypiques du monde industriel de l'entre-deux-guerres pour le premier et du monde culturel de ces trente dernières années pour le second, ils se sont attachés à laisser une oeuvre originale et pérenne, à partir de la sauvegarde et de la valorisation de la mémoire archéologique de leur cité respective. Cette publication aura permis au delà de la notoriété de ces deux grands mécènes, de présenter aussi les parcours de différents mécènes qui se sont engagés dans cette même voie de la restauration par le mécénat: le trophée de la Turbie par Edward Tuck, l'abbaye de Senanque grâce au concours des frères Berliet. En Suisse, il est à retenir les exemples du mécénat de Maurice Burrus à Avenches, de Friedrich Schwab à Bienne et de René Clavel à Augst. Ce livre s'inscrit dans une perspective historique qui, depuis le chevalier romain Mécène, replace leur action respective dans la longue tradition du mécénat. Il souligne également le rôle essentiel joué dans ce domaine par les fondations. Telle la Fondation Pierre Gianadda qui s'employa aussi bien à l'acquisition et la restauration d'oeuvres artistiques qu'à la résurgence du passé archéologique de la ville de Martigny. Ou la Fondation Calvet d'Avignon, qui a reccueilli les dons et legs de milliers d'anonymes permettant d'assurer leur valorisation au sein des collections. Aujourd'hui, le mécénat s'est adapté aux nouveaux enjeux de la modernité. La France était un pays relativement en retard en matière de mécénat, avant qu'une nouvelle base juridique élargisse considérablement son champ de compétences. Ce livre se fait ainsi l'écho des récentes dispositions sur cette question du mécénat liée à l'intérêt général. Pour la Suisse, Léonard Gianadda évoque les dispositions fiscales de la Suisse en matière de mécénat.
Ce colloque, tenus à Paris en 2013, a repris, entre autres présentations, l'adresse originale de Ph. Turrel, tenue à Vaison-la-Romaine en 2009, sur l'histoire du mécénat à Vaison. Cliquez ici pour écouter la capture audio de l'introduction de X. Delestre, suivie de l'intervention de Ph. Turrel (23 minutes). |